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Un habitant sur quatre renonce à se soigner

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Sante Sante Un habitant sur quatre renonce à se soigner
Santé onéreuseLes Suisses se plaignent des coûts de la santé. Ils sont toujours plus nombreux à faire l'impasse sur une visite médicale pour économiser.

La Suisse avait jusqu'à présent la réputation d'un pays au système de santé onéreux mais performant et accessible à tous. Un sondage réalisé en 2016 par la Confédération fait toutefois voler cette idée en éclat, explique le Blick dans son édition du 3 août 2017.

Près d'un habitant sur quatre a en effet renoncé en 2016 à se faire soigner pour des raisons financières. Ce qui place la Suisse en deuxième position derrière les Etats-Unis en terme de proportion de personnes qui ne peuvent plus se permettre d'aller voir un médecin. Et le sondage ne se penchait même pas sur les soins dentaires.

Les pauvres et les étrangers

Comme bon nombre de médicaments doivent être payés de leur propre poche, de nombreux Suisses préfèrent y renoncer. Rien qu'à Zurich, près de 10% des patients ne respectent pas les doses prescrites afin de pouvoir faire durer les traitements et ils sont tout autant à ne pas se faire contrôler après leur maladie.

Ces chiffres inquiètent les professionnels de la santé puisqu'il y a six ans, lors du précédent sondage, un peu plus de 10% des Suisses évoquaient des raisons financières pour expliquer leur renoncement à des soins médicaux.

Ce sont surtout les pauvres et les étrangers qui y sont contraints. Le nombre d'étrangers qui ne peuvent pas se faire soigner a crû en 2016 de près de 30% par rapport à 2010. «Les personnes avec des revenus inférieurs à la moyenne étaient déjà soumis en 2010 à une forte probabilité de renoncer à un traitement pour des raisons de coûts. Ce risque s'est encore renforcé», explique l'étude.

Le problème des primes

Santésuisse, la faîtière des assurances maladies, tire la sonnette d'alarme, puisque cette tendance pourrait encore accroître la pression sur le système de santé suisse. En effet, comme l'explique Margrit Kessler, la présidente de l'Organisation Suisse des Patients (OSP), les gens qui ne se soignent pas risquent de voir leur état empirer et de finir aux urgences. Avec un traitement qui sera encore plus onéreux.

L'étude ne surprend pas Margrit Kessler. De nombreux Suisses sont obligés de prendre des franchises élevées pour économiser sur les primes d'assurances et ils doivent donc y réfléchir à deux fois entre aller chez un médecin ou attendre un peu plus, a-t-elle expliqué. Certains se font prêter de l'argent par la famille ou se rendent dans des pays voisins où les coûts de la santé sont moins chers.

En réaction aux primes

Stefan Felder, économiste dans la santé à l'Université de Bâle, se montre toutefois plus nuancé. L'accès aux soins en Suisse est toujours considéré comme exemplaire et si les plus pauvres se déclarent plus souvent malades que la moyenne, ils ont toujours droit à des traitements. A son avis, les personnes interrogées ont surtout réagi à la forte hausse des primes, signe pour eux de la cherté du système de santé suisse.

Clémence Merçay, qui a analysé le sondage pour l'Observatoire suisse de la Santé (Obsan) , explique que le sondage pour 2016 a été mené sur internet et non pas par téléphone comme en 2010. Les personnes se sont senties plus libres de s'exprimer. A son avis, quand les Suisses renoncent à des soins, ils évoquent plutôt des petits bobos, des check-up ou des visites de contrôle. (nxp)



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